CHAPITRE 1 

Absences

Je suis partie ce matin avec une chaussure de 2 paires différentes à chaque pied, même couleur et même hauteur de talon. C’est la première chose que mes colégues ont remarqué à mon entrée dans le bureau. J’ai ri avec eux, que pouvais je faire d’autre. 

Ce n'est pas une habitude mais presque, la semaine dernière, je suis arrivée avec mon pull à l’envers.

En fait, je ne suis pas vraiment là, je flotte.

Je m’appelle Chloé, j’ai 43 ans, je travaille comme secretaire, dans un cabinet de recouvrement. Je suis divorcée. Je suis mère d’une fille de 13 ans, Camélia, son prénom signifie perfection et elle vit avec moi la grande majorité du temps. Je suis blonde enfin, j’ai choisi d’être blonde et je pèse trop lourd. J’ai la sensation que mes vètements rétrécissent régulièrement, il faudrait que je fasse du sport mais je n’aime pas ça et je suis fatiguée.

Voilà ce qui me définit aux yeux du monde en dehors de mes immatriculations diverses et le fait que j'aimais danser.

Je me réveille chaque matin pour suivre le fil de mes journées. Qui a choisi ça pour moi ? comment en suis je arrivée là.

Je sors d’un rêve pour en retrouver un autre, je rêve ma vie

Elle ne m'intéresse pas ainsi au point que si elle pouvait s'arreter ce ne serait pas un drame pour moi. Ma fille, elle a besoin de moi encore un peu alors je reste. 

Je gère comme je peux, l’appartement, l’adolescence de ma fille, ma solitude, les pannes électroniques de ma nouvelle voiture et du lave-vaisselle. Les courses, le linge, l'administratif, les repas, les disputes avec Camélia et mon ex à propos de la garde et de la pension, mes peurs et mes colères diverses et variées. 

Je me sens débordée, boudinée dans ma vie comme dans mes fringes.

Je suis ratrapée par l’épuisement et l’ennui. Les weekends je récupère de ma semaine, vu que je n’ai pas un sou vaillant pour nous distraire, alors je fais ce que je fais de mieux, je dors, je regarde les films de science fiction ou de mort-vivants sur les plateformes de streaming, et bien sur je mange. Surtout des trucs que je n'ai pas à préparer. Camélia, elle écoute une musique que je n’aprécie pas et appelle ses amies des heures, je ferme la porte.

J’attends, je ne sais pas vraiment quoi mais j’attends. Il y a en moi un trou béan. je parviens à l'éviter soigneusement la plupart du temps. J’ai hâte que tout cela passe et si je pouvais mourir par accident ce serait pas mal du tout, je vous l'ai déjà dit je sais. J'imagine parfois que Camélia irait vivre chez son père et je suis persuadée que les tensions avec sa belle mère finiraient par s’apaiser, oui Camelia a encore besoin de moi.

Et c’est arrivé bêtement.

Je suis tombée. Je me suis sentie comme Alice dans une course après le lapin blanc, une course sans fin et sans conscience. Je me suis vite relevée de peur de succiter un intéret trop appuyé de mon entourage dans ce moment de faiblesse momentané. Je ne suis tombée que de ma hauteur, il n'y a pas de quoi s'inquièter.

 Je me suis rapidement redréssée. Je me suis mise à marcher aussi rapidement que possible vers les toilettes les plus proches. Pas de quoi en faire un plat, mais le besoin de se retrouver tout de même seule et en sécurité.